Publication Date
05 Dec 2016
par Mathias Joost
Le major Mathias Joost, C.D., est l’officier responsable des journaux de guerre et des dossiers opérationnels à la Direction —Histoire et patrimoine du ministère de la Défense nationale. Ses domaines d’intérêts englobent la Réserve aérienne et les minorités visibles dans les forces armées.
Introduction
Le Mois de l’histoire des Noirs est célébré au Canada depuis février 1996, dans le but de mettre en lumière la mosaïque culturelle du Canada. Il vise à souligner la contribution des Canadiens noirs à tous les aspects de la société canadienne – sur le plan tant culturel que politique, social et militaire – depuis une époque antérieure à la Confédération. En réalité, des personnes d’origine africaine étaient présentes au Canada quand notre pays s’appelait encore la Nouvelle-France; elles font partie de notre mosaïque culturelle depuis.
Dans le domaine militaire, l’une des contributions les mieux connues est celle du 2e Bataillon de construction. Cette unité de travail de la Première Guerre mondiale, qui a servi au Royaume-Uni et en France, a été autorisée en raison des pressions exercées par la communauté noire du Canada, qui souhaitait prendre part à la guerre. Le 2e Bataillon de construction célèbrera son 100e anniversaire le 5 juillet 2016; cette unité est reconnue à titre de seule unité de Noirs du Canada ayant pris part à la Première Guerre mondiale. Depuis 1993, la ville de Pictou, en Nouvelle-Écosse, commémore le bataillon tous les ans ainsi que le rôle que cette ville a joué dans sa mise sur pied et son entraînement. Le Market Wharf de Pictou a été désigné lieu historique national en 1993 en reconnaissance de son rôle de quartier général du bataillon.
L’un des enjeux de la commémoration du 2e Bataillon de construction est le fait qu’il n’existe aucun historique de ses opérations1. La résurgence de la reconnaissance du bataillon remonte à 1986, lorsque Calvin Ruck a publié un historique de la création de l’unité. D’autres ouvrages ont bientôt suivi dans des publications universitaires2. Pendant les 25 années suivantes, différents aspects de l’unité ont été examinés dans un mémoire de maîtrise et une thèse de baccalauréat3. Ces ouvrages modernes ont en commun l’analyse des tentatives d’enrôlement des Canadiens noirs et décrivent certaines des activités et des conditions de travail au sein du bataillon. Toutefois, en raison de leur concision et de la nature des sujets traités, ces documents sont avares de détails sur le travail de l’unité4. Il serait indiqué que la commémoration d’une unité aussi renommée que le 2e Bataillon de construction ne se limite pas à la création de l’unité; elle devrait également souligner ses réalisations.
Le présent article donne un aperçu de l’historique des opérations du 2e Bataillon de construction, dans la perspective de faire connaître le travail effectué par cette unité, ce qui, espérons-le, incitera d’autres personnes à poursuivre les recherches sur les aspects opérationnels de l’unité. Par nécessité, cet article ne peut constituer qu’un synopsis, car un historique plus détaillé s’étendrait sur un bien plus grand nombre de pages.
Contexte
Le point de départ est forcément les tâches que réalisait le bataillon alors qu’il était encore en garnison en NouvelleÉcosse, avant son départ pour le Royaume-Uni (R.-U.). Pendant que les hommes du 2e Bataillon de construction sont occupés par le recrutement ou l’entraînement, on leur demande d’aller retirer des voies de chemin de fer dans la portion ouest du Nouveau-Brunswick. De janvier jusqu’au début de mars 1917, une compagnie de 250 hommes retire des rails des voies d’évitement de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc, à Edmundston, à Napadogan (au nord de Fredericton) et à Moncton, d’où le matériel est expédié en France, pour servir aux troupes ferroviaires5. Lorsque la compagnie rentre à Truro, l’unité se prépare en vue d’un déploiement au R.-U.
Le 2e Bataillon de construction arrive à Liverpool le 7 avril 1917, à bord du S.S. Southland, un navire de la White Star-Dominion Line qui a transporté les troupes depuis Halifax6. Le personnel de l’unité se rend à Seaford, où il restera pendant cinq semaines. À son arrivée à Seaford, l’unité est tout d’abord placée en quarantaine pour dix jours. C’est la procédure normale à l’époque pour les membres des unités nouvellement arrivées; il s’agit de détecter les maladies contagieuses et d’empêcher leur propagation7. La quarantaine n’est toutefois pas synonyme d’inactivité. Les membres de l’unité sont vite employés dans des détachements de travail chargés de creuser des tranchées pour les troupes qui s’entraînent. Ils construisent et entretiennent également des routes dans la base8; ce travail est rendu nécessaire par l’expansion prochaine de Seaford, qui est une importante base canadienne.
Vers le 1er mai 1917, les membres de l’unité forment également un piquet permanent chargé de surveiller les raids aériens. La Grande-Bretagne a déjà été la cible d’attaques de zeppelin; le chef de police de la région, qui s’attend à une série d’attaques dans un futur relativement proche, a commencé les préparatifs nécessaires en mars 1916.9 La possibilité d’être appelés à combattre si rapidement après leur arrivée en Angleterre aurait pu déstabiliser bien des membres de la compagnie, particulièrement ceux qui avaient été rejetés par les bataillons d’infanterie du Corps expéditionnaire canadien (CEC) et qui pouvaient maintenant se retrouver au front. Toutefois, les zeppelins ne viennent pas. Comme tant d’autres unités du CEC en Anglete. Ainsi, pendant sa période de service au R.-U., le 2e Bataillon de construction mènera des activités très semblables à celles qui sont confiées aux autres unités de construction ou de travail.
Pendant que tout cela se déroule ouvertement, en coulisse, beaucoup d’activités se poursuivent à l’insu des soldats, particulièrement en ce qui concerne l’emploi et les effectifs de l’unité. Le War Office britannique n’enverra pas en France un bataillon en sous-effectif. La solution consiste donc à utiliser comme modèle une compagnie de travail britannique. Le gabarit ainsi établi correspond à neuf officiers et 495 militaires du rang11.
Vers le continent
Le 17 mai, l’unité reconfigurée, qui s’appelle désormais la 2e Compagnie de construction, quitte Folkestone à destination de Boulogne, en France. Elle arrive dans le Jura à 1 h le 20 mai; les troupes ont pris un repas « soutenant » à Abbeville le 18 mai et un seul repas le lendemain12. Le Jura est un département (district) situé sur les contreforts des Alpes françaises, à l’ouest du lac Léman, qui baigne la ville de Lausanne, en Suisse. Du point de vue canadien, le Jura fait partie du district no 5 du Corps forestier canadien (CFC). Ce district du CFC est relativement nouveau qui vient tout juste de commencer à accueillir les premières compagnies à La Joux, une petite collectivité du Jura, quelques semaines avant l’arrivée de la 2e Compagnie de construction.
À son arrivée à La Joux, la compagnie est rapidement placée en quarantaine pour dix jours en raison d’un cas de rougeole. Les hommes de la 2e Compagnie de construction doivent quand même travailler. Le 22 mai, 300 d’entre eux sont affectés à différentes tâches : abattre des arbres, couper des rondins, les transporter jusqu’à la scierie et travailler à la menuiserie. À ces tâches, s’ajoutent bientôt celles de préparer les produits de bois finis pour leur expédition et de les expédier13. Les produits en question sont entre autres des traverses de chemin de fer, des planches et des pieux devant servir dans les tranchées.
Le travail des soldats ne se limite pas à l’aide aux opérations forestières. L’un des besoins essentiels d’un camp est l’approvisionnement en eau. La 2e Compagnie de construction est chargée de s’assurer que le camp, qu’elle partage avec les compagnies forestières, a suffisamment d’eau pour la cuisine, la consommation et l’hygiène de plus de 1 300 hommes et surtout, pour les scieries. Pour assurer que l’eau est acheminée vers le camp, il faut surveiller les postes d’alimentation d’eau et leurs pompes afin de détecter tout dommage ou toute fuite des conduites. Une série de pompes acheminent l’eau au sommet d’une pente de 1 500 pieds14. Lorsqu’en janvier 1918, une génératrice est installée et commence à alimenter le camp en électricité, ce sont les hommes de la 2e Compagnie de construction qui en assurent l’exploitation et l’entretien. Elle fournit un courant continu de 125 volts/80 ampères et est alimentée par une petite chaudière située dans la salle de bain15.
Le transport est parmi les principaux rôles de la 2e Compagnie de construction, qui amène les rondins de la forêt, par les chemins forestiers, jusqu’aux scieries, pour ensuite transporter les produits finis jusqu’à la gare ferroviaire. Le secteur d’opération de la 2e Compagnie n’est pas idéal pour les opérations mécanisées. Au cours de l’été, les fortes pluies emportent les chemins forestiers ou les laissent en piètre état, et l’hiver, la neige rend les routes très glissantes. Par ailleurs, ces chemins forestiers étroits et escarpés ne sont pas carrossables avec les véhicules de l’époque. Il faut donc recourir aux chevaux, qui sont utilisés en grand nombre dans la région de La Joux. Les routes menant à la tête de ligne sont également endommagées par la pluie et la neige, ce qui oblige à les entretenir constamment16.
La plupart des chevaux attribués au CFC sont des animaux âgés ou faisant partie de la catégorie « B ». Déjà en piètre état, ces chevaux sont affaiblis par les blessures de travail, la surcharge de travail et des soins négligés qui ont permis la propagation de la gale. À la fin de la guerre, la plupart sont en si piteux état qu’ils sont invendables comme animaux de ferme ou de transport; on ne peut que les abattre et les destiner à la consommation humaine17.
La 2e Compagnie de construction possède probablement de 70 à 100 chevaux. Les soldats font de leur mieux avec ces pauvres bêtes et tentent de les garder en bonne santé et de les soigner correctement. Les chevaux sont régulièrement examinés par des vétérinaires du Canadian Army Veterinary Corps (CAVC). Un sergent du Corps qui est affecté à l’unité s’assure que les animaux sont inspectés quotidiennement et reçoivent les premiers soins nécessaires. Des neuf districts forestiers du CFC en France, seul le district no 5 possède un bassin qui permet d’immerger les chevaux dans une solution de sulfure de calcium pour lutter contre la gale18. Les soins après le travail sont importants pour la santé des chevaux, qui peuvent avoir ramené des tiques et d’autres insectes de la forêt. Les militaires affectés au soin
des chevaux se chargent de cette tâche à la fin de la journée de travail. Il s’agit d’une tâche très importante; le soldat qui ne l’exécuterait pas correctement pourrait être accusé de négligence dans le soin des chevaux ou de mauvais traitements infligés aux animaux. C’est le sort qui sera réservé à au moins deux soldats de la 2e Compagnie de construction19.
Après avoir transporté les rondins jusqu’à la scierie, la compagnie doit maintenant apporter les produits finis jusqu’à la tête de ligne, ce qu’elle fait en entretenant les routes et en conduisant les camions qui transportent le bois de sciage. Une centaine d’hommes est affectée aux travaux routiers; les soldats doivent utiliser un concasseur de roche, une foreuse, un rouleau compresseur et des camions. Comme le souligne le lieutenant-colonel Sutherland, « les routes sont bien entretenues
là où la circulation lourde exige les meilleures routes possible20 ». [TCO] Pendant plus d’un an, la 2e Compagnie de construction garde les routes ouvertes, jusqu’à l’arrivée de la No. 833 Area Employment Company, qui prendra la relève en août 191821.
La production s’accélère à La Joux, et il devient vite évident que l’approvisionnement en rondins ne suffit pas à alimenter les quatre scieries de la région. Les chevaux, bien que fort et peu coûteux, ne permettent pas de transporter suffisamment de rondins, et les routes sont impraticables pour les camions. Les chemins de fer forestiers sont exploités en Amérique du Nord depuis plus de 50 ans; il existe donc d’autres moyens de transport possibles. Il est décidé, aux niveaux supérieurs, qu’il faut construire une voie ferrée allant des lopins de terre boisés jusqu’à La Joux. Un détachement de la 22e Compagnie et 50 hommes de la 2e Compagnie de construction
construisent donc une voie ferrée d’un calibre de 24 pouces sur une longueur de 2 miles à partir de Le Glacier, au sud-sud-ouest de la gare de La Joux. Les travaux de construction se poursuivent en septembre22. On ne sait pas dans quelle mesure les hommes de la 2e Compagnie de construction se serviront de la voie ferrée achevée, mais le lieutenant-colonel Surtherland affirme qu’ils l’ont utilisée23.
Les secteurs d’emploi des hommes de la 2e Compagnie de construction en février 1918 témoignent de la variété du travail accompli. L’unité compte alors 257 hommes, 2 vastes contingents y ayant été détachés en novembre et en décembre 1917. Ils sont répartis comme suit : 30 d’entre eux conduisent des camions, 50 travaillent dans différentes scieries, 50 sont affectés à des opérations de brousse et 30 à l’expédition, 15 sont cuisiniers, 20 sont employés ailleurs dans le district et le reste remplit différentes tâches24. Ce dernier groupe est affecté à des tâches moins intéressantes, mais essentielles, comme celles liées au mess ou encore les tâches de piquet à la barrière principale.
Le travail associé aux produits du bois est incessant, et les hommes de la 2e Compagnie de construction sont choisis pour s’en charger. En raison des petits effectifs des compagnies forestières, chacune ne peut exploiter sa scierie pendant plus d’un quart de travail de 12 heures par jour. Durant la majeure partie du mois de juin
1917, la 2e Compagnie de construction fournit une équipe de nuit de quelque 65 hommes qui exploitent la scierie locale25. En janvier 1918, une lettre du district no 5 du CFC demandant davantage de résultats est lue aux hommes; l’unité devra travailler la nuit et le dimanche26. Le dimanche, les hommes ont tout de même un certain
répit puisque le travail ne commence qu’après le service religieux plutôt qu’à 7 h, comme les autres jours27. Les soldats de l’unité aident la 21e Compagnie du CFC à établir un record de plus de 95 000 pieds-planches en 10 heures28. Il est évident qu’ils n’ont pas pris à la légère la lettre leur demandant d’augmenter la cadence, et
la production record témoigne de l’esprit de collaboration qui existe entre la 2e Compagnie de construction et les compagnies forestières qu’elle appuie. Les soldats de la 2e Compagnie doivent faire en sorte de préparer pour la coupe et de transporter rapidement un grand nombre de rondins.
Les efforts et les plans ne sont pas tous consacrés à la production. Le 6 décembre 1917, le SS Mont-Blanc entre en collision avec le SS Imo dans le port d’Halifax. L’explosion qui s’ensuit anéantit la majeure partie d’Halifax et de Dartmouth. La nouvelle parvient rapidement jusqu’aux hommes de la 2e Compagnie de construction,
dont une vaste proportion provient de la région d’Halifax ou a de la famille dans la région. L’inquiétude règne le 8 décembre et ne fait que s’aggraver lorsque les hommes prennent conscience de l’ampleur des dommages29. Le major Sutherland commence immédiatement à vérifier s’il y a des victimes parmi les familles des militaires, et un fonds d’aide est mis sur pied au district no 5 à l’intention des proches des familles touchées par l’explosion d’Halifax. Les hommes de la compagnie ressentent sûrement un immense soulagement lorsque, le jour de Noël, ils reçoivent un message du colonel H.F. MacLean les informant qu’aucune victime n’est signalée parmi les membres de leurs familles30.
La vitesse à laquelle la nouvelle de l’explosion d’Halifax est arrivée jusqu’aux oreilles des hommes de la 2e Compagnie de construction démontre que malgré la distance et des communications qui, comparativement aux normes modernes, n’étaient pas très rapides, les membres de la compagnie n’étaient pas isolés. On dit que les nouvelles vont vite. Les mesures déclenchées par la nouvelle de l’explosion prouvent également l’effet sur les troupes en France des événements qui se produisaient à la maison. Ces deux conclusions peuvent sembler évidentes, mais il importe de noter que les hommes en poste à La Joux se trouvaient dans une région éloignée de la France, à l’extrémité d’une longue chaîne de communication et de livraison postale.
D’autres membres de la compagnie trouvent des moyens de se divertir ou, à tout le moins, font preuve de difficulté à s’adapter à la discipline militaire. Peu après leur arrivée à La Joux, un certain nombre de soldats ont déjà acquis une renommée et doivent comparaître devant le major Sutherland. Certains de ces contrevenants
ont ordre de construire une prison en rondins qui a pour but de leur rappeler ce qui pourrait leur arriver s’ils ne mettent pas fin à leurs égarements31. Leur comportement ne s’améliorant pas, en septembre 1917, le quartier général du CFC en France décide de les envoyer au front, où leur travail sera utile et où, espère-t-on, ils seront soumis à une discipline plus stricte32.
Le 12 novembre 1917, un officier et 54 militaires du rang de la 2e Compagnie de construction sont attachés à la 37e Compagnie, CFC, qui mène des opérations près de Péronne, dans la région nord-est de la France; les hommes de la 2e Compagnie y arrivent le 14 novembre33. Leur travail à cet endroit est plutôt manuel et consiste à couper des rondins, qu’ils transportent jusqu’aux scieries, et à entretenir les routes. Ces activités sont très semblables à ce qu’ils faisaient à La Joux. La 37e Compagnie se trouve sur la voie de l’offensive allemande qui a commencé le 21 mars 1918, et des obus s’abattent dans la région du camp. Le 23 mars, les hommes sont forcés de quitter la forêt de Bias; ils ont ordre de laisser intacts le bois de sciage, la machinerie et la scierie34. Toutes les pièces de machinerie importantes sont enfouies dans le sol, et le matériel essentiel est chargé à bord de 22 wagons. Lorsque les soldats quittent le camp à pied, à 17 h, les Allemands ne se trouvent qu’à 2 000 verges de leur position35. Le 25 mars, les soldats prennent en charge la scierie de Wail et commencent les opérations le même jour. En août 1918, il ne reste que 37 des 54 hommes provenant de la 2e Compagnie de construction. Certains ont modifié leur comportement dissipé, et d’autres sont restés les mêmes.
Un deuxième détachement important de personnel de la compagnie est envoyé dans le nord de la France à la fin de 1917. Ces hommes sont affectés dans cette région à l’initiative du médecin militaire du Jura, qui croit que les soldats des États-Unis et des Antilles ne pourront supporter l’hiver dans le Jura, au pied des Alpes. Il suggère donc que ces soldats soient envoyés vers des régions plus clémentes36. Comme on peut s’en douter, ses hypothèses ne sont pas fondées. Quand, en effet, la pluie et le temps humide de novembre 1917 font place au temps froid et sec de décembre, les troupes « venues du sud » s’adaptent facilement aux nouvelles conditions météorologiques. Toutefois, la décision de transférer les soldats ayant déjà été prise, le quartier général du CFC en France ne souhaite pas demander
qu’elle soit révoquée, de crainte que l’état-major et le médecin qui ont entrepris le transfert ne se couvrent de ridicule37.
Le 30 décembre 1917, un détachement de 180 hommes, dirigé par deux officiers, quitte La Joux pour le district no 1 du CFC, dont le quartier général se situe à Alençon. Le détachement arrive à destination le 31 décembre vers minuit38. Deux groupes sont formés : le premier est affecté à la 38e Compagnie, CFC, à Andaine, et restera avec cette compagnie jusqu’à la fin de la guerre39. L’autre est attaché à la 54e Compagnie, CFC, qui mène des opérations au bois de Pelay. Ce groupe demeure avec la compagnie jusqu’au 25 mai 1918. Lorsque la 54e Compagnie est envoyée à la forêt de Senonches, le détachement est également transféré et est attaché cette fois à la 42e Compagnie, à L’Évêque40. Un autre groupe sert auprès de la 43e Compagnie, CFC, à Sausseux, selon toute probabilité à compter du milieu de 191841.
À l’instar de ceux qui sont détachés à la 37e Compagnie, ces hommes exécutent des travaux manuels et aident les compagnies forestières appuyées à produire et à expédier des produits du bois. Lorsque la décision est prise de commencer à démobiliser la 2e Compagnie de construction, ces soldats sont rappelés en même temps ceux de la 37e Compagnie.
En partant pour la France, le 2e Bataillon de construction avait laissé en Angleterre 89 hommes qui ont été intégrés au Nova Scotia Regiment42. La plupart de ces soldats ont effectué des tâches subalternes entre des périodes d’entraînement d’infanterie et ont été affectés au 17e ou au 26e Bataillon de réserve. À la fin mars, un groupe de 50 hommes est envoyé en renfort à l’unité d’appartenance, à La Joux; il arrive le 8 avril et il est suivi de 17 autres soldats le 6 juin43. Le besoin de ces troupes se fait cruellement sentir, compte tenu du déclin constant des effectifs de la compagnie à La Joux, en raison de la maladie ou des blessures. En février 1918, il ne reste que 257 soldats à La Joux, ce qui ne suffit pas pour répondre aux besoins en maind’oeuvre de 4 compagnies de foresterie44.
Parmi ceux qui sont restés à Seaford, certains vont grossir les rangs de compagnies du CFC en Angleterre et en France : en octobre 1918, six hommes sont affectés à la 7e Compagnie et six autres à la 8e Compagnie, CFC, où ils participent à la construction de terrains d’aviation pour la Lord Trenchard’s Independent Air Force45. Quelques-uns seulement des quelque 600 hommes du 2e Bataillon de construction prendront part aux combats. L’un d’eux, le soldat R.G. Bonnette, sert d’abord auprès du CAVC avant d’être transféré au 10e Bataillon, où il est atteint d’un projectile à la poitrine le 2 septembre 191846.
Bon nombre de Canadiens noirs auraient souhaité combattre les Allemands. Il semble bien que ce souhait ne se soit jamais concrétisé pour un grand nombre, voire la majorité, des soldats de la 2e Compagnie de construction pendant leur affectation en France. Comme il a été mentionné antérieurement, quelques-uns seulement ont
réussi à combattre, même si les hommes attachés à la 37e Compagnie ont été tout près des combats. Pour les hommes en poste à La Joux, cette possibilité sera plus lointaine.
Comme nous l’avons vu plus haut, les Allemands lancent, le 21 mars 1918, leur vaste offensive du printemps. Avec l’approbation du quartier-maître général, le CFC en France s’apprête à constituer deux bataillons de 800 hommes comme unité de réserve. Il ordonne donc à chaque district de commencer les exercices de peloton et
de mousqueterie pour les soldats de tous les grades, dans leurs temps libres47. Cette initiative et les préparatifs connexes sont un peu prématurés. Le général qui commande les Canadiens à Londres n’approuve pas ce plan, et le Corps canadien affirme ne pas posséder les ressources nécessaires pour transporter ces troupes, lesquelles pourraient toutefois servir pour le creusage de tranchées dans les zones arrière. Par ailleurs, les deux commandements maintiennent que les hommes des corps forestiers ne peuvent être libérés de leurs tâches48.
Les hommes de la 2e Compagnie, qui suivent les progrès de l’avance allemande avec un « intense intérêt », ont bon espoir de prendre part aux combats. Le major Sutherland envoie un télégramme au directeur des Operations d’exploitation forestière lui demandant notamment de recommander le transfert de son unité, qui est organisée pour les travaux de construction, vers le front occidental. Il faudra près d’un mois avant qu’une réponse ne lui parvienne, dans laquelle il est indiqué qu’il « n’est pas urgent pour l’instant » [TCO] de détourner la compagnie de son travail49. Malgré ce rejet et les messages souvent contradictoires émanant du quartier général, la 2e Compagnie de construction, tout en poursuivant son travail lié au bois de sciage, effectue de l’entraînement militaire durant la semaine et le dimanche, ce qui comprend des exercices avec le fusil et de l’entraînement dans les tranchées françaises de la région50. Les hommes poursuivent leur entraînement en juin, même si la menace de la progression allemande est alors écartée, comme tout espoir de prendre part aux combats.
L’un des aspects du travail de la 2e Compagnie de construction qui est passé sous silence est la supervision des Russes qui étaient attachés à cette compagnie à titre de manoeuvres. En avril 1916, la première brigade russe arrive en France depuis Moscou, d’où elle est partie le 3 février. Les Russes doivent poursuivre leur route pour aller combattre avec l’armée française. Toutefois, après les nouvelles de la Révolution de février 1917, un grand nombre d’hommes se livrent à des actes de mutinerie, ce qui durera de juin jusqu’au début septembre. Ils sont donc jugés inaptes au combat, et certains sont transférés au CFC, en France51. La tâche se révélera difficile, car certains des Russes que la 2e Compagne de construction doit surveiller sont des mutins qui protestent contre l’ordre établi.
Les premiers Russes destinés à servir au sein de la 2e Compagnie de construction arrivent en janvier 1918. Il devient rapidement évident que ce groupe réunit des hommes dont le caractère, les affiliations politiques et l’aptitude au travail varient grandement. À la mi-mars, 22 d’entre eux sont envoyés à Reims; ils sont jugés « inaptes », alors qu’un certain nombre d’autres sont considérés comme « inefficaces »52. Malheureusement, on ne sait pas si ce qu’on entend par « inapte » correspond à une catégorie médicale ou à autre chose. Le départ de 22 soldats, s’il diminue le nombre d’enfants difficiles, n’élimine pas le problème pour autant.
En avril 1918, la 2e Compagnie de construction compte 100 Russes53, dont certains se chargent de répandre la « doctrine socialiste ». Le 16 mai, les problèmes associés à la qualité de leur travail et à l’agitation politique ont atteint une proportion telle que la 2e Compagnie de construction place sous garde armée une hutte
abritant 56 « mécontents », qui sont toujours sous garde à la fin du mois54. Malheureusement, on ne sait pas s’ils refusaient de quitter la hutte ou s’ils y étaient confinés. Lorsqu’en décembre, la 2e Compagnie de construction quitte La Joux à destination du R.-U., 150 Russes sont attachés à l’unité; ils sont alors transférés aux effectifs de la 40e Compagnie.
Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé. Le 30 novembre, le CFC ordonne le retour au R.-U. de 1000 hommes de « catégorie inférieure » et de la 2e compagnie de construction en vue de leur démobilisation55. Au cours des mois qui suivent, les hommes du Bataillon de construction rentrent au Canada et, au fil du temps, leur héritage tombe dans l’oubli. En novembre 1919, le lieutenantcolonel Sutherland manifeste son empressement de préserver l’identité du 2e Bataillon de construction; il veut en faire une unité de milice active constituée de Canadiens noirs56. Son souhait ne sera toutefois pas exaucé, puisque les unités du Corps forestier canadien et des troupes ferroviaires canadiennes n’ont pas poursuivi leurs activités après la guerre. Il n’y avait donc plus d’unité pour préserver cet héritage.
Avant que Calvin Ruck ne mette en lumière la contribution à l’effort de guerre du 2e Bataillon de construction, en 1986, cette unité avait été l’objet d’une seule célébration, en 1926, lors du dévoilement d’une plaque à l’Assemblée législative provinciale. Cet événement avait été inspiré par la 76e convention annuelle générale de l’Église épiscopale britannique, qui avait réuni à l’époque des Noirs des quatre coins du Canada et des États-Unis. Le premier ministre provincial de l’époque, Howard Ferguson, s’était libéré de ses fonctions pour participer à cette célébration; il avait affirmé à plus de 200 Noirs réunis pour l’occasion que les membres du bataillon avaient le droit d’être fiers de leur rôle pendant la guerre57.
Conclusion
Le 2e Bataillon de construction est reconnu comme la seule unité de Noirs du Canada58. Il a en fait été la dernière grande unité militaire canadienne réservée uniquement à un groupe racial, car la milice a été intégrée entre les deux guerres et le gouvernement a interdit la formation de ce type d’unité durant la Seconde Guerre mondiale. Les hommes du bataillon ont mis à contribution différentes compétences générales et spécialisées à l’appui de trois grandes opérations forestières et ont ainsi démontré qu’ils étaient prêts à servir de toutes les manières nécessaires.
Les hommes du bataillon ont su utiliser à bon escient leurs compétences afin d’exploiter les chaudières, pompes, concasseurs de roches et autres équipements considérés comme complexes à l’époque. Ils ont entretenu et conduit des véhicules et équipements ferroviaires, et ont utilisé et soigné des chevaux. Ces compétences
peuvent sembler banales de nos jours, mais elles avaient une valeur considérable au début du siècle. Ces hommes ont accompli un travail très important en établissant des liens ferroviaires qui ont permis d’acheminer les approvisionnements jusqu’au front et en fournissant des planches et des pieux qui ont servi dans les tranchées. Ce travail était suffisamment important pour que les dirigeants militaires refusent de perturber la circulation des approvisionnements, malgré de pressants besoins en combattants.
Nous devrions rendre hommage aux hommes du 2e Bataillon de construction, non seulement en raison de la décision du gouvernement qui a conduit à la création de cette unité, mais surtout pour leur contribution à l’effort de guerre. Ils auraient sans doute souhaité participer plus directement à la guerre, mais leur travail et celui de
tous les soldats qui ont été affectés derrière le front ont procuré à ceux qui combattaient au front l’aide dont ils avaient besoin pour vaincre les Allemands.
Notes
1 Il y a bien eu un bref historique dans un récit paru en 1920, sur la contribution de la Nouvelle-Écosse à la Première Guerre mondiale, mais il est rapidement tombé
dans l’oubli. Voir Hunt, Stuart M. Nova Scotia’s Part in the Great War, Halifax, N.-É., The Nova Scotia Veteran Publishing Co. Ltd., 1920, p. 150. L’auteur donne un aperçu des unités de la province et de leurs activités. La section sur le 2e Bataillon de construction contient certaines informations qui ne sont pas mentionnées dans
le journal de guerre de l’unité. Ces informations doivent être considérées comme exactes, puisque Hunt avait accès à de nombreuses personnes possédant des
connaissances de première main sur l’effort de guerre des unités de la NouvelleÉcosse. Dans la préface, Hunt remercie le lieutenant-colonel D.H. Sutherland pour
sa contribution au livre. Préface, p. x.
2 Calvin Ruck, The Black Battalion, 1916-1920: Canada’s Best Kept Military Secret, Halifax, Nimbus Publishing Ltd., 1987; John G. Armstrong, « The Unwelcome Sacrifice: A Black Unit in the Canadian Expeditionary Force, 1917-19 », dans Ethnic Armies: Polyethnic Armed Forces from the Time of the Habsburgs to the Age of the Superpowers, N.F. Dreisziger, éd., Waterloo, Ontario, Wilfred Laurier University Press, 1990, p. 178 à 197; James W. St.G. Walker, « Race and Recruitment in World War I: Enlistment of Visible Minorities in the Canadian Expeditionary Force », dans Canadian Historical Review ,volume LXX, no 1, printemps 1989, p. 1 à 26.
3 Sean Flynn Foyn, The Underside of Glory: Africanadian Enlistment in the Canadian Expeditionary Force, 1914-1917, Université d’Ottawa, 1999. Thèse de maîtrise en arts;Danielle Pitman, Moving Mountains: The No. 2 Construction Battalion and African Canadian Experience During the First World War, Université Mount Saint Vincent, Nouvelle-Écosse, avril 2012. Thèse de baccalauréat en arts.
4 Voir, par exemple, Armstrong, Pitman et Walker dans les références précédentes.
5 Hunt, p. 149. Il mentionne qu’il s’agit de la seule unité de volontaires à effectuer quelque travail que ce soit avant de se rendre outre-mer.
6 Ce navire de la Red Star Line, inauguré en 1900, s’appelait le SS Vaderland et assurait la liaison Anvers-New York. Converti en navire de transport de troupes au début de la guerre, il est rebaptisé le Navire de troupes de Sa Majesté (HMT) Southland en 1915, en raison de la sonorité allemande de son nom original. Il a transporté des membres du CEC au R.-U. sous la direction de la White Star-Dominion Line avant d’être affecté au service en mer Égée (campagne des Dardanelles), où il a été torpillé, le 2 septembre 1915, par un UB14. Après s’être échoué et avoir été réparé, il a repris le service en août 1916. Il a été torpillé à nouveau le 4 juin 1917, cette fois par un U70, et a coulé au large de l’Irlande, faisant quatre victimes.
7 Hunt, p. 150.
8 bid.
9 Ibid. et Kevin Gordon, Seaford and Eastbourne in the Great War, Barnsley, Royaume-Uni, Pen and Swords Books Ltd, 2014, p. 105.
10 Bibliothèque et Archives Canada (BAC), Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 17 mai 1917. Les ordres courants diffusés par le quartier général se
trouvent sous Canadian Routine Orders, Volume 1 et comptent plusieurs entrées décrivant l’importance des jardins. À titre d’exemple, l’ordre courant 4250 du 25 juin 1918 autorise les commandants à utiliser la laitue, les radis et les oignons qui sont cultivés dans les jardins des unités pour compléter la diète des soldats. Les
légumes racines à entreposer pouvaient être conservés dans de la paille, que l’on pouvait commander auprès l’officier des approvisionnements de l’unité (ordre courant 2655, 13 octobre 1917). Une mise en garde avait également été diffusée au sujet des pommes de terre : il fallait les peler avec soin pour éviter le gaspillage (ordre courant 2561, 28 septembre 1917).
11 BAC, RG 9, III-A-1 volume 8, fichier 10-9-40; lettre du chef d’état-major général de l’OMFC au colonel G.S. Harrington, OMFC adjoint, le 12 avril 1919 et lettre du
lieutenant-colonel D.H. Sutherland à sir George Perley, le 27 avril 1917. L’un des résultats du changement à l’effectif est que le lieutenant-colonel Sutherland a dû
accepter une rétrogradation au grade de major pour demeurer avec l’unité.
12 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 17 au 20 mai 1917.
13 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 21 et 23 mai 1917; Hunt, p. 151.
14 Hunt, ibid.
15 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 8 janvier 1918.
16 BAC, Journal de guerre, District no 5, 28 juin 1917.
17 Cecil French, A History of the Canadian Army Veterinary Corps in the Great World War, 1914-1919, C.A.V. Barker et Ian K. Barker, éd., Guelph, Ontario, « Crest
Books », 1999, p. 82 et 83. À la fin de la guerre, les troupeaux de boeufs étaient si décimés que bon nombre de civils français avaient remplacé cette source de viande
par la viande de cheval.
18 French, p. 82, 83 et BAC, Journal de guerre, District no 5. Voir, par exemple, les entrées du 16 juin et du 8 juillet : tous les chevaux de Lajoux ont été inspectés.
Le bassin a été construit à l’initiative du Capt W.F.R. Stubbs du CAVC et a probablement été assemblé par la 2e Compagnie de construction, mais on ne peut le confirmer.
19 Voir le dossier personnel de W. Allison (matricule 931198), qui a été accusé de négligence dans les soins apportés à son cheval. Quant à W. Douglas (matricule 931609), il a été accusé de mauvais traitement à l’égard des chevaux. On peut consulter les dossiers personnels à BAC, et environ la moitié d’entre eux peuvent être téléchargés depuis le site Web de BAC, à l’adresse suivante : http://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-gue....
20 Hunt, p. 151.
21 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, entrée du 18 août 1918.
22 Hunt, p. 151; BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, juin, juillet et septembre 1917; BAC, Journal de guerre, District no 5 District, 3 juillet 1917.
23 Remarques de Sutherland dans Hunt, p. 151.
24 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 1er février 1918.
25 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 1er juin 1917. L’effectif normal de la Compagnie forestière est d’environ 170 militaires du rang.
26 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 14 janvier 1918.
27 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 26 janvier 1918.
28 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 30 janvier 1918.
29 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 8 et 13 décembre 1917.
30 BAC, Journal de guerre, District no 5, 20 décembre 1917; BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 25 décembre 1917.
31 Armstrong, p. 188 et 189.
32 Ibid., p. 190.
33 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 12 novembre 1917; Hunt, p. 151. Hunt donne la date du 9 octobre, mais on devrait considérer qu’il s’agit
d’une erreur, puisque la date fournie dans le journal de guerre est probablement plus exacte. Les hommes ont été attachés à la 37e Compagnie, mais ils n’en faisaient pas partie. Ils appartenaient encore à la 2e Compagnie de construction.
34 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, 23 mars 1918.
35 BAC, RG 9, III-C-8, volume 4499, dossier de la 37e Compagnie, H.S. 7-D-37-1, récit des événements du 21 au 23 mars 1918.
36 Armstrong, p. 191.
37 Résumé dans Armstrong. The Unwelcome Sacrifice, p. 191-192. On trouvera de plus amples informations sur ce processus, qui a commencé en novembre 1917, dans BAC, RG 9, III-C-8, volume 4516.
38 BAC, Journal de guerre, Quartier général du District no 1, Groupe central, Corps forestier canadien, 31 décembre 1917 et 1er janvier 1918; BAC, Journal de guerre,
2e Compagnie de construction, 28 et 30 décembre 1917; Hunt, p. 151. À l’instar des hommes qui ont été envoyés à l’appui de la 37e Compagnie, ces soldats n’ont jamais fait partie de l’une des unités du District no 1; ils étaient plutôt attachés à ces unités, un peu comme le Corps de travailleurs chinois était attaché au Corps forestier.
39 Voir le dossier personnel de Julian Sullivan (matricule 931209), qui a été rayé de l’effectif de la 38e Compagnie le 9 février 1918, lorsqu’il a été admis à l’hôpital. John Sullivan (matricule 931502) a été accusé d’absence sans permission le 22 février 1918. Il a servi auprès de la 38e Compagnie au moins jusqu’en septembre 1918 et a été admis dans un hôpital du R.-U. le 5 septembre pendant un congé.
40 BAC, Journal de guerre, quartier général du District no 1, 25 mai et 30 juin 1918.
41 Dossiers personnels de Harry Franklin Suttles (matricule 931836) et de Frank Bennett (matricule 931287).
42 BAC, RG 9, III-A-1, volume 8, dossier 10-9-40, lettre de l’adjudant général adjoint au ministre, OMFC, le 20 décembre 1917; ordre courant 2055, 21 juillet 1917,
Canadian Routine Orders, volume 1, Quartier général.
43 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, 3 avril 1918. Il est indiqué que 50 militaires du rang sont arrivés de l’Angleterre
en renfort à la 2e Compagnie de construction. Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 8 avril et juin 1918.
44 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 1er février 1918.
45 BAC, RG 150, volume 191, dossier de la 7e Compagnie, CFC et volume 192, dossier de la 8e Compagnie, CFC. Les ordres quotidiens des deux unités contiennent
une liste nominative et la liste des attachements et détachements. Les soldats du 2e Bataillon de construction sont désignés par leur numéro matricule, et la liste est
comparée à celle de l’embarquement du bataillon, en mars 1917.
46 Dossier personnel de R.G. Bonnette (matricule 931404). Il a été transféré au 10e Bataillon le 6 février 1918.
47 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, 10 et 11 avril 1918. Les deux bataillons du CFC devaient constituer une brigade avec
un bataillon du Génie royal et être placés en sous-ordre de lord Lovat, qui était le directeur des Opérations d’exploitation forestière en France.
48 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, 13 et 15 avril 1918.
49 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 25 mars, 3 et 29 avril 1918.
50 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 5, 12 et 18 mai et 1er juin 1918.
51 G.W.L. Nicholson, Le Corps expéditionnaire canadien, 1914-1919, Ottawa, Roger Duhamel, Imprimeur de la Reine et Contrôleur de la papeterie, 1963, p. 541. Certains Russes demeurés loyaux ont poursuivi les combats auprès des forces françaises.
52 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, février, 22 mars 1918.
53 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, avril 1918.
54 BAC, Journal de guerre, 2e Compagnie de construction, 2 avril, 16 et 31 mai 1918.
55 BAC, Journal de guerre, Quartier général du Corps forestier canadien, France, 30 novembre et 2 décembre 1918.
56 Forces armées canadiennes, Direction – Histoire et Patrimoine (DHP), 74/672, coffret 19, dossier 12, remarque – H.Q. 462-16-1, volume 2, folio 73. La réunion a eu lieu à Halifax le 21 novembre 1919. À son retour au Canada, le lieutenantcolonel Sutherland a retrouvé son grade antérieur.
57 « Negro Soldiers of Britain Praised », dans Border Cities Star, 18 septembre 1926.
58 Le 2e Bataillon de construction n’était pas la seule unité de Noirs créée lors de la Première Guerre mondiale. L’auteur a découvert au moins une autre unité constituée de soldats noirs et d’officiers blancs qui a pris part à la guerre en Europe. L’auteur poursuit ses recherches afin de recueillir de l’information sur les officiers, les hommes et les activités de cette unité.