La France se souvient du Corps forestier canadien

De gauche à droite : David Burbridge, lcol (GMC), Jean Michel Mormone (CFAA), Kevin Laussu (CFAA), Bruce Blanchard, adjuc (CME), Daniel Hall, consul (des États-Unis à Bordeaux), Lee Goodman, lcol (CME), David Devigne (CFAA), David Kopecky, major (armée américaine), Peter Schiller, sergent (armée américaine), Christophe Haen (ami de David Devigne), Christian Tauziède (CFAA), Absent : Al Gaudet (CFAA)
Publication Date 
27 Dec 2017

Par Lcol David Burbridge et l’Adjuc Bruce Blanchard Service du génie militaire canadien (GMC) Formation Europe

Le Corps Forestiers Alliés en Aquitaine 1917-1919 (CFAA) travaille depuis cinq ans déjà pour mieux faire connaître la riche histoire des corps forestiers alliés. Ses membres ont fait installer des plaques commémoratives dans des endroits de choix de la région Aquitaine, dans les départements de Gironde et des Landes. Il s’agit d’endroits où les Canadiens, les Américains et les Britanniques ont mené des activités forestières.

Grâce à la collaboration et au soutien des communautés locales, l’objectif du CFAA est en train de se concrétiser. Les sept cérémonies tenues en France ont fait les manchettes dans les médias locaux et comprenaient des allocutions de la part des dirigeants locaux et régionaux, des membres du CFAA et des chefs des délégations militaires du Canada et des États-Unis.

Les trois membres de la délégation canadienne, tous issus du service du génie militaire canadien (GMC), étaient le Lcol Lee Goodman, ainsi que le Lcol David Burbridge et l’Adjuc Bruce Blanchard, tous deux de la Formation Europe.

Les événements ont été très courus et tous les dignitaires français et les participants locaux ont démontré une profonde gratitude pour les sacrifices des soldats alliés et les membres du CFAA qui ont travaillé d’arrache-pied pour perpétuer et honorer leur mémoire.

Le CFAA est composé de quatre citoyens français, soit David Devigne, Kévin Laussu, Jean Michel Mormone et Christian Tauziède, ainsi que d’un ancien membre des FAC, Al Gaudet, qui vit actuellement en France.

Le Lcol Lee Goodman, Directeur – Service des incendies (Forces canadiennes) SMA(IE), a eu le privilège d’être aux premières loges lors de cérémonies en France visant à reconnaître la contribution unique du Corps forestier canadien durant la Première Guerre mondiale.

« On m’a invité à représenter le Mgén Sylvain Sirois lors des cérémonies du Corps forestier canadien en juin. Il y était invité en sa qualité de chef – Génie militaire des Forces armées canadiennes », a déclaré le Lcol Goodman. « Les cérémonies ont été particulièrement touchantes. Elles ont rappelé les réalisations des corps forestiers alliés dans la région Aquitaine de la France durant la Grande Guerre.

Chacune des sept cérémonies était organisée par une municipalité locale qui soulignait ses liens avec l’histoire des corps forestiers alliés (dont faisaient partie le Canada, les États Unis et le Royaume Uni).

Les événements rendaient hommage aux efforts des alliés et aux sacrifices consentis par les soldats qui, dans certains cas, sont morts et enterrés dans des sépultures de guerre du Commonwealth en France. »

Neuf autres plaques sont également dévoilées lors de cérémonies supplémentaires – certaines viennent tout juste d’avoir lieu à la fin d’octobre, dans plusieurs petites villes en France. Le Lcol Audrey Murphy, qui travaille au sein de la direction générale des Exigences du portefeuille du groupe du SMA(IE), a pris part à ces cérémonies.

« C’était définitivement une expérience spéciale. Lors d’une des cérémonies, la ville et le maire ont vraiment célébré. C’était très mignon – il y avait un orchestre d’environ 50 enfants qui jouait de la musique », a-t-elle déclaré.

D’autres cérémonies sont prévues en 2018. Les plaques seront toutes situées dans, ou à proximité d’un vaste réseau de pistes cyclables reliant les collectivités et formant une route appelée « Chemins de mémoire des Bûcherons soldats / Lumberjack Trail 1917-1919 ».

Pendant la Première Guerre mondiale, les opérations alliées avaient besoin de grandes quantités de bois pour construire les installations, les tunnels, les tranchées, les fosses, les voies ferrées, les ponts, les routes en rondins, les poteaux du fil barbelé, les caisses pour aliments et les munitions, de même que du bois de chauffage. Au départ, l’effort de guerre dépendait beaucoup du bois importé. Et, au début de 1916, la Grande-Bretagne connaissait une forte pénurie de bois d’oeuvre. En février 1916, ce pays présentait une demande urgente au Canada pour obtenir 1500 personnes ayant des compétences dans les divers aspects de la production du bois (abatteurs, transporteurs, scieurs).

La réponse du Canada ne s’est pas fait attendre. Dans un délai de six semaines, 1 600 hommes ont été recrutés partout au Canada et de la machinerie, pour un montant de 250 000 $, a été achetée. Le 13 mai 1916, des bûcherons du 224e Bataillon forestier canadien ont commencé à produire du bois-d’oeuvre à l’étranger, près de Windsor, en Angleterre.

Les bûcherons canadiens ont rapidement été reconnus pour leurs immenses compétences et les demandes pour l’élargissement des activités canadiennes de production de bois se sont poursuivies.

À la fin de la guerre, le CFC nouvellement formé comprenait 41 compagnies en activité en Grande-Bretagne et 60 en France, totalisant environ 17 000 hommes.

Si l’on tient compte du personnel administratif, logistique et médical, ainsi que du grand nombre de prisonniers de guerre utilisés en tant que main-d’oeuvre non qualifiée, les opérations du CFC comptaient approximativement 33 000 personnes. Même si les activités se tenaient loin des lignes de front, à la fin de la guerre, le CFC avait contribué à l’effort répondant à la majorité des demandes des alliés pour du bois d’oeuvre, les Américains et les Britanniques contribuant le reste.

Au sein du Corps expéditionnaire canadien, le CFC fonctionnait indépendamment du Corps du génie royal canadien. Cependant, l’histoire du CFC demeure un sujet d’importance pour le GMC en raison à la fois de la nature technique de leur travail et le fait que le 2e Bataillon de construction – la première et unique unité de soldats noirs au sein des Forces canadiennes – était rattaché au CFC peu de temps après son arrivée à l’étranger.

Dans les mois suivant la fin de la guerre, le CFC a été dissous. Bien qu’il ait été rétabli durant la Seconde Guerre mondiale, il a été dissous à nouveau après la fin des combats.

Même si le CFC a apporté une contribution essentielle pendant la Première Guerre mondiale, son importance historique est demeurée relativement inconnue du public et sous-représentée en recherche universitaire et dans les ouvrages consacrés à l’histoire militaire canadienne. Par conséquent, une grande partie des réalisations et des sacrifices du CFC risquait d’être oubliée n’eût été du travail du CFAA.

À la fin d’août 2017, David Devigne, le chef non officiel du CFAA, qui effectue des recherches sur le CFC depuis près de 20 ans, a reçu une notification de Rideau Hall l’informant qu’il recevrait la Médaille du service méritoire (division civile) pour ses efforts exemplaires visant à préserver l’histoire du CFC et à honorer la mémoire de ses membres.

Le Lcol Goodman a conclu en disant que « grâce aux efforts du CFAA, les réalisations du CFC seront reconnues et son histoire préservée pour les générations futures. »