Un pont temporaire - 70 ans plus tard

Two Fords Bridge today / aujourd'hui
The Callender-Hamilton bridge carried a 100 CW Truck - Circa 1942
D-Day Plaque on Two Fords Bridge
Two Fords Bridge Map
Publication Date 
03 Dec 2014

En raison de ses images fréquentes datant de la Deuxième Guerre mondiale, on croit souvent que toutes les opérations de pontage de cette guerre faisaient appel au pont Bailey. Cependant, la première utilisation du Bailey par le Corps royal du génie ne date que de novembre 1942. Les alliés ont commencé la Deuxième Guerre mondiale avec d’importantes lacunes dans leur inventaire de ponts militaires : le pont Inglis, datant de la Première Guerre mondiale, avait d’importantes limites de poids, et le Corps royal du génie canadien avait des stocks limités d’une pièce d’équipement appelé un « pont à éléments interchangeables ».

De récentes enquêtes en Angleterre ont confirmé l’existence et l’historique d’un de ces ponts. Le « Two Fords Bridge », qui enjambe le fleuve Lydden près de Lydlinch, dans le Dorset (Angleterre), est d’un intérêt historique local. À cet emplacement, on trouve deux technologies différentes : un pont en acier du 20e siècle pour le trafic allant vers l’Est et un pont en pierre du 18e siècle (vu au travers du treillis), pour le trafic allant vers l’Ouest.

Le pont en acier est du type « pont à éléments interchangeables », aussi appelé un pont à treillis Callender-Hamilton. Comme ailleurs en Angleterre au cours de la Seconde Guerre mondiale, la défense du pays face à une invasion nécessitait la mise à jour des routes et des pont locaux afin de supporter le trafic militaire lourd comme les chars. Se charger des tâches d’amélioration des infrastructures était chose commune pour les unités du CRGC cantonnées en Angleterre à l’époque en vue de l’invasion du jour J en Europe continentale.

Le Corps royal du génie canadien a construit ce pont au printemps 1942, et il est depuis utilisé de façon continue sur la route principale. Le vieux pont en pierre à Bagber n’était pas assez solide pour supporter le lourd trafic militaire et les opérations militaires nécessaires à l’installation d’un pont en acier afin de déplacer chars et matériel sur la côte Sud avant le raid sur Dieppe en août 1942.

L’équipement de pontage utilisé était appelé le pont « Callender-Hamilton » - un pont à treillis Warren modulaire préfabriqué. L’équipement était principalement conçu pour être utilisé comme pont civil permanent, mais aussi comme remplacement de pont d’urgence et aux fins de construction par les unités de génie militaire. Le concepteur de ce type de pont était Archibald Hamilton (1898–1972), un ingénieur civil néozélandais connu pour sa construction de la route Hamilton au Kurdistan irakien ainsi que pour le système de pont Callender-Hamilton. Le concept de pont d’Hamilton s’inspirait de son travail comme ingénieur principal de la route Hamilton au cours des années 1930, lorsqu’il s’est rendu compte du besoin de ponts solides et polyvalents faits de composantes simples pouvant être facilement transportés et érigés dans des endroits éloignés ou en terrain accidenté.

L’assemblage d’un pont Callender-Hamilton nécessite plus de temps qu’un pont Bailey, car il se compose d’éléments individuels en acier galvanisé boulonnés ensemble. Toutefois, il s’agit d’une structure plus simple et plus solide que le pont Bailey. L’opération Jubilee, soit le raid sur Dieppe du 19 août 1942, comptait plus de 6 000 fantassins (en majorité canadiens) qui étaient appuyés par un régiment blindé canadien et des contingents de débarquement de la Marine royale et de l’Aviation royale. Il s’agissait des mêmes véhicules blindés qui avaient traversé le nouveau pont du Lydden quelques mois plus tôt pour se rendre sur la côte pour l’entraînement et les préparatifs de débarquement à Dieppe. Ces mêmes routes ont été utilisées plus tard pour le regroupement des importantes forces d’invasion du jour J.

Plus de 70 ans après sa construction, ce pont « temporaire » pour chars est toujours un élément intégral des infrastructures routières locales. La qualité de l’acier et la galvanisation originale sont telles qu’il n’y même pas une trace de rouille visible. La qualité du travail du CGRC a survécu à l’épreuve du temps.